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Interview de Julien Derobe, analyste vidéo du Botswana


Julien Derobe avec la sélection de la Guinée Conakry.

Qui es-tu et quel est ton parcours ?

Je m’appelle Julien Derobe, je suis éducateur de football, analyste vidéo et chorégraphe pour les scènes de sport au cinéma. Mon parcours est assez singulier : j’ai fait des études d’histoire de l’art et en même temps, je passais mes diplômes d’entraîneur de football avec le Paris Saint-Germain. J’ai intégré le PSG et sa fondation en 2001 et j’y suis resté jusqu’en 2008. J’y ai appris le métier d’entraîneur. J’ai ensuite évolué vers le métier de responsable technique dans le club de la Salésienne et d’entraîneur universitaire à Sciences Po. En 2017, je cherchais à me renouveler et à continuer d’apprendre. J’ai obtenu un diplôme d’analyste vidéo et je me suis tourné vers l’étranger, plus particulièrement vers l’Afrique, pour accompagner des sélections nationales : Tchad, Comores, RDC, Guinée Conakry et Botswana. J’ai aussi été consultant en analyse vidéo et formateur/intervenant pour une école d’analyse vidéo.


Peux-tu expliquer ce qu’est l’analyse vidéo ?

L’analyse vidéo, c’est ce qui permet d’évaluer et d’améliorer la performance individuelle et collective de son équipe et d’évaluer celles de ses adversaires grâce à des outils d’observation et d’expertise sur l’image et la data. C’est d’abord un travail de montage, de découpage et de séquençage, puis d’analyse sur le plan tactique en corrigeant les déplacements, les positionnements tactiques et les points clés de l’organisation. Il faut bien maîtriser les outils, mais aussi comprendre les mécanismes du jeu. Cela se présente sous forme de rapport vidéo ou de données de match.


Comment juges-tu l’évolution de l’utilisation de la data dans le foot ?

Les moyens technologiques évoluent très vite. Les données jouent un rôle important dans le foot moderne. Il y a eu un bond en avant et on le voit dans la façon de regarder les matchs. En 5/6 ans, il y a eu une révolution et des outils de suivi de la performance sont devenus plus précis et pertinents. La collecte de données/datas donne des indicateurs sur les actions du joueur (ex. : passes réussies vers l’avant) et sur ses déplacements ou son positionnement (tracking, GPS sur le nombre de kilomètres parcourus ou courses à haute intensité). Pour moi, on est déjà dans le futur avec l’intelligence artificielle qui peut aider à traiter de grandes quantités de données et à faciliter le travail d’analyse. On voit que les outils continuent d’évoluer et qu’on est en développement pour améliorer les rapports. Néanmoins, le plus important reste de pouvoir adapter ces rapports aux objectifs de réalisation et au management : avoir un impact au niveau humain. C’est-à-dire utiliser ces informations pour renforcer la confiance du joueur.


Quel club est, selon toi, l’exemple en termes de vidéo et pourquoi ?

Pour moi, ce n’est pas un club qui est un modèle en termes d’analyse vidéo, mais ce sont les figures de ces clubs. On voit souvent que ce sont les entraîneurs qui sont à l’origine du développement du pôle vidéo et ils l’ont intégré à leur stratégie et à leur management. Les clubs anglais sont à la pointe, car l’analyse vidéo est une cellule qui se décline avec plusieurs volets/spécialités. Là où en France, l’analyste était seul il y a encore peu de temps : recrutement et identification des talents, analyse de l’adversaire, data, analyse des coups de pied arrêtés, analyse du jeu, etc. Les clubs qui ont démontré leur savoir-faire depuis plusieurs années à ce niveau sont Liverpool et Manchester City. Ils ont intégré l’analyse vidéo à leur philosophie de jeu. Ce sont les entraîneurs qui ont su modéliser leur jeu et intégrer l’analyse dans le travail quotidien. D’ailleurs, ils ont pu travailler sur le long terme et poser les bases de leur méthode pour atteindre leur objectif au niveau national et international. Ils ont ouvert la voie et maintenant beaucoup ont imité ou s’en sont inspirés. L’avantage, c’est qu’on leur a permis de travailler dans la continuité sur le long terme avec un recrutement adapté à leur jeu. Il y a eu une vision et ils ont construit leur projet.


Quelle est l’anecdote la plus incroyable de ta carrière ?

On devait jouer le Maroc en Guinée pour les qualifications coupe du monde 2022. Je fais la présentation sur l’équipe du Maroc le jour même à quelques heures du match. À la fin de notre séance vidéo, on nous annonce que le match n’aura pas lieu et qu’il y a eu un coup d’État. La population était en liesse et on ne savait pas ce qui allait se passer. Le pays était en plein changement et le football allait attendre.

Retrouvez Julien Derobe sur LinkedIn.

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