De Thessalonique à Sofia, il y a 293 kilomètres. Une distance que je fais avec plaisir en bus et en cinq heures car au bout du chemin il y a un derby alléchant : le CSKA Sofia accueille le Slavia Sofia. La rencontre se déroule au stade national Vasil Levski. J’arrive à 18H00. Je récupère mon accréditation et entre dans l’arène. Aucun supporter. Pas de chance, ce soir, c’est huis clos.
Un huis clos, c’est souvent triste. Un huis clos pour un derby important, ça l’est davantage encore. Ce soir, le match oppose deux équipes historiques du football bulgare. D’un côté, le CSKA Sofia, club le plus titré du pays avec ses 31 championnats et 21 coupes nationales remportées mais aussi deux demi-finales de coupe d’Europe des clubs champions en 1967 et 1982 et comme idole un certain Hristo Stoichkov, aujourd’hui actionnaire du club. En face, le Slavia n’est pas en reste : 7 championnats, 8 coupes nationales et une demi-finale de Coupe des coupes en 1967 après avoir éliminé le RC Strasbourg en huitièmes de finale.
"le CSKA Sofia, club le plus titré du pays avec ses 31 championnats et 21 coupes nationales remportées mais aussi deux demi-finales de coupe d’Europe des clubs champions en 1967 et 1982"
Un huis clos, c’est souvent triste. Un huis clos dans un stade mythique de 43 230 places, ça l’est davantage encore. Le stade national, inspiré du héros national Vassil Levski a été inauguré en 1953 et, depuis, accueille les plus grands évènements sportifs du pays. La pelouse naturelle est magnifique. Les techniciens sont accueillis comme il se doit.
C’est parti ! Le CSKA est favori pour ce match. Une équipe plus cosmopolite avec davantage de talents sur le papier. Il tente de monopoliser le ballon et de construire depuis très bas, quitte à abuser du jeu au pied de leur gardien. Le Slavia cherche à être dangereux en allant vite de l’avant à la récupération de balle. Schéma classique entre un favori à domicile et un outsider à l’extérieur. Malgré cela, le CKSA ne parvient pas à franchir aisément la ligne médiane. Pire, ce sont les visiteurs qui récupèrent haut le ballon et se montrent dangereux à plusieurs reprises dans le premier quart d’heure de jeu jusqu’à une faute dans la surface de réparation et un penalty sifflé pour le Slavia. Pas de contestation. La faute est claire. Le verdict l’est tout autant : 1-0. Le CSKA va devoir courir après le score. Dès lors, s’il parvient à se procurer quelques occasions, il ne réussit pas réellement à prendre le match à son compte. Il est particulièrement bien gêné par un bon pressing des joueurs adverses et leur capacité à jouer dans le dos des latéraux. Le Slavia manque même de doubler la mise à la 24ème minute. Superbe arrêt du portier italo-brésilien Gustavo Busatto qui maintient le CSKA dans la course. Le match s’installe alors dans un faux rythme. La meilleure prestation de cette première mi-temps est sans aucun doute celle des jeunes pousses du CSKA, seuls supporters autorisés dans le stade, qui n’ont cessé d’encourager leur équipe à gorges déployées.
Battu 3-0 lors du dernier match sur la pelouse du Spartak Varna, le CSKA a tous les symptômes du club en manque de confiance. Les gestes techniques sont approximatifs, les prises d’initiatives rares et les interventions défensives maladroites. L’un des remèdes est la combativité et le CSKA semble vouloir en redoubler dès le début de la seconde période. Plus engagés dans les duels, les joueurs semblent enfin mettre le pied sur la balle et la main sur le match. C’est pourtant toujours le Slavia qui reste le plus dangereux sur ses contres. Busatto est une nouvelle fois impérial à la 56ème avec une double parade. Repositionné dans l’axe, l’ailier guadeloupéen Matthias Phaëton est à la conclusion d’une belle offensive mais ne peut tromper le portier adverse du pied droit. La pression s’intensifie doucement sur les cages du Slavia puis on retombe dans le même faux rythme de la fin de première mi-temps. On a l’impression que le match pourrait durer des heures sans qu’un nouveau but ne soit marqué. Le CSKA ne sortira pas du piège tendu par son rival et accusera une deuxième défaite de rang en championnat. Le Slavia, lui, enchaine une deuxième victoire d’affilée pour pointer à la septième place du classement.
Si le score est de 1-0 à la fin du match, c’est aussi grâce aux performances des deux gardiens de buts. Du côté du Slavia, le gardien international bulgare Svetoslav Vutsov est parvenu à conserver le clean sheet grâce à de très bonnes interventions, rassurant à plusieurs reprises sa défense. Pourtant l’homme du match est sans conteste le gardien du CSKA. Car malgré la défaite de son équipe, il a fourni une prestation incroyable, réalisant pas moins de 9 sauvetages et maintenant constamment à flot son équipe. Il n’a pas offert la victoire, ni même un nul mais de l’espoir pendant près de 90 minutes.
De son coté, et auteur d’une prestation particulièrement aboutie, le latéral français du CSKA Sofia, Thibaut Vion, pointe du doigt les manques de son équipe : « Nous avons clairement manqué d’impact et d’agressivité en première mi-temps en les laissant jouer trop facilement. Heureusement que notre gardien nous garde dans le match. En seconde période, il nous a manqué un peu d’efficacité car nous sommes revenus avec de meilleures intentions mais sans pouvoir égaliser ». Il reste néanmoins déterminé pour la suite : « Ce n’est clairement pas le début de saison que nous souhaitions. Nous en sommes conscients. Maintenant c’est à nous de retourner cette situation et de gagner dès le prochain match. Ce qui est important, c’est de pouvoir enchaîner une série de résultats positifs ».
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Crédits photo : CSKA Sofia