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Interview d'Abdel Kader Coulibaly, attaquant de Dangkor Senchey (Cambodge)

Comment passe-t-on de l’académie de football Amadou Diallo de Djékanou à capitaine du club de Dangkor Senchey au Cambodge ? Pour la deuxième fois de la saison, après l’interview du très prometteur défenseur belgo-rwandais Dylan Maes, la rubrique des frenchies ouvre ses portes à un francophone. Et pour cause, notre invité du jour a une histoire incroyable à raconter et est un véritable exemple pour la jeunesse. Un entretien réalisé à Phnom Penh entre deux matchs de C. Premier League cambodgienne. 


Abdel Kader Coulibaly

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Coulibaly Abdel Kader. Je suis footballeur professionnel au Cambodge et j’ai 31 ans. Je suis né à M'bahiakro, mais j’ai grandi à Abidjan avec mes parents. J’ai été formé à l’académie de football Amadou Diallo de Djékanou. 


Quels souvenirs gardes-tu de l’académie de football Amadou Diallo de Djékanou ?

De très bons souvenirs ! Il y avait de super joueurs, des grands talents comme Bobley Anderson. J’ai beaucoup appris à l’académie. J’y suis resté jusqu’à mes 18 ans. 


Quel était ton club de cœur étant enfant ?

J’ai suivi mon père… Je supportais l’Africa Sports ! Mais quand j’étais enfant, l’ASEC a commencé à sortir des super joueurs et à gagner beaucoup de titres. Ce sont les joueurs formés à l’ASEC qui m’ont donné envie de devenir footballeur ! Et en Europe, j’aimais beaucoup l’Olympique de Marseille et Chelsea à cause de Didier Drogba !



En parlant de l’ASEC, que penses-tu de Jean-Marc Guillou ?

Jean-Marc Guillou, c’est quelqu’un que tout le monde connait en Côte d’Ivoire. C’est grâce à lui qu’on a eu les Gervinho, Yaya Touré, etc. Il a beaucoup aidé le football ivoirien.


Quel a été ton parcours de footballeur ?

Après l’AFAD, je suis parti jouer pendant une saison au Issia Wazy. C’est à ce moment-là que j’ai été appelé en équipe de Côte d’Ivoire U20 (2 sélections). Je suis ensuite allé faire un essai à l’Astra Giurgiu, en Roumanie, mais ça n’a pas été concluant alors, je suis rentré en Côte d’Ivoire. Le championnat ayant déjà commencé, je pars au Sénégal et signe dans le club de Niarry Tally puis à Mbour Petite-Côte. Je suis resté trois années au Sénégal. Après cela, je pars en Malaisie, mais c’est encore compliqué donc je rentre encore une fois en Côte d’Ivoire avant de repartir pour l’Indonésie. Un agent essaie de me trouver un club, mais le visa est long à arriver alors, je voyage un peu dans la région et je visite Phnom Penh. Là-bas, je rencontre quelqu’un qui me dit que si j’ai envie de transpirer un peu, il y a un club qui cherche des joueurs ! J’avais même pas d’équipement, mais je fais quand même les essais et ça marche ! C’était le club de Asia Euro United. Je reviens quand même en Indonésie, mais la situation là-bas ne s’améliore pas et mon agent ne me trouve pas de club. C’est à ce moment-là que je décide de signer au Cambodge pour signer dans le club qui me voulait. Mon agent n’était pas content, mais j’avais besoin de jouer. Depuis, je n’ai plus d’agent ! Après ma première saison, je rejoins le club de la police et enfin le club de Dangkor où je joue ma troisième saison actuellement et où je suis devenu capitaine !


On entend souvent parler des destinées difficiles de certains joueurs africains qui viennent tenter leur chance en Asie. Que peux-tu en dire ?

Oui, on entend forcément ces histoires. Des contrats non respectés, etc. J’ai fait plusieurs fois cette expérience. Mais quand je voyais que ça bloquait, je rentrais en Côte d’Ivoire pour mieux rebondir ensuite. Souvent aussi, certains joueurs partent trop tôt tenter leur chance à l’étranger. Parfois même avant d’avoir commencé à jouer en professionnel en Côte d’Ivoire. C’est plus dur pour eux. En Asie, c’est important d’avoir déjà un gros profil pour être recruté. Même moi qui avais déjà joué plusieurs saisons en professionnels en Afrique, ça a été difficile de réussir. Et il faut aussi avoir un très bon agent. Et maintenant, c’est encore plus dur en Asie. Il y a de plus en plus de concurrence. 


Abdel Kader Coulibaly

Souvent, c’est difficile pour certains joueurs de revenir au pays après un échec… 

Ça dépend des familles. Certaines familles mettent beaucoup de pression sur leurs enfants pour réussir et donc c’est plus dur pour eux de rentrer quand ça ne marche pas. Mes parents m’ont toujours soutenu. Ils ont toujours respecté les choix que je faisais. Quand je suis revenu de Roumanie, je leur ai expliqué. Ils ont compris et m’ont soutenu.  


Revenons sur ton profil, comment définirais-tu ton style de jeu ?

Ça dépend de là où on m’utilise ! J’aime bien jouer comme Yaya Touré, numéro 8 box to box. À cette position, je marquais beaucoup de buts et comme en Asie, ils aiment beaucoup les buts, ils m’ont fait jouer attaquant ! 


C’est comment la vie à Phnom Penh ?

La vile est calme ! Tranquille ! Les gens sont accueillants, souriants. Ils ne dérangent personne ! En dehors des entrainements, je fais du coaching supplémentaire, des extras à la salle, etc. Sinon, je prends des cours de langues. Anglais et maintenant allemand.


Pourquoi l’allemand ?

L’année dernière, j’ai fait des essais en Allemagne, en troisième division, donc on ne sait jamais pour l’avenir ! L’ambiance dans les stades là-bas, c’est incroyable !


En parlant des stades, c’est comment au Cambodge ?

L’ambiance est moindre… Il y a moins de monde. Les gens s’intéressent moins au football, mais c’est de mieux en mieux. La fédération met les moyens pour développer le foot. Pour un match de championnat, ça ne dépasse pas 5 000 ou 6 000 spectateurs. 


Tu vois une évolution globale du football depuis ton arrivée ?

Oui ! Rapide même ! Au niveau des infrastructures, de nouveaux stades ont été construits ou améliorés. Pareil pour les centres d’entrainement. Les salaires sont meilleurs. La qualité de jeu évolue aussi. On le voit avec le meilleur club du pays : Phnom Penh Crown. Ils font de meilleurs parcours en Ligue des champions asiatique. 


Quels sont tes objectifs personnels à court et moyen terme ?

Déjà, je voudrais marquer plus de buts que l’année dernière avec Dangkor. Ensuite, j'espère bientôt pouvoir jouer pour la sélection cambodgienne. Après cinq ans au Cambodge, c’est la plus belle récompense que je pourrais avoir. 


Quels sont tes rêves dans le football maintenant ? 

J’ai manqué beaucoup d’opportunités dans ma carrière. Et à 31 ans, tu n’as plus les mêmes jambes et les mêmes opportunités que lorsque tu es jeune. Donc j’aimerais bien jouer dans des stades pleins avec une super ambiance !


As-tu une anecdote à raconter sur ton parcours en Afrique ?

Au Sénégal, il y a certaines procédures à respecter avant les matchs pour se protéger du mauvais sort ! Moi, en tant qu’Ivoirien, je n’étais pas habitué à ça ! J’avais jamais fait ça de ma vie ! Mais comme j’étais le seul étranger, j’ai fini par suivre un peu le protocole pour respecter les coutumes… (rires)


Quels conseils donnerais-tu aux jeunes ivoiriens qui veulent devenir footballeurs professionnels ? 

D’abord, c’est d’avoir une très bonne base. Car après, quel que soit le pays, tu peux t’en sortir. Même si tu ne finis pas dans un très bon club, tu auras le talent pour jouer et vivre de ta passion. Ensuite, pour les jeunes qui veulent voyager tôt, je leur conseille de choisir un bon agent. Il faut faire attention à ne pas signer avec un faux agent, un intermédiaire qui veut seulement faire de l’argent sur le dos des jeunes talents. Quand tu arrives dans un pays que tu ne connais pas, il y a un temps d’adaptation. Un bon agent, il le sait et il saura accompagner le jeune dans ces moments difficiles et te protéger. 


Comment on trouve un bon agent en Côte d’Ivoire ?

Quand un agent vient te voir, il faut se renseigner, faire des recherches sur lui : avec qui il a travaillé, quels joueurs ont déjà signé avec lui, etc. Maintenant, c’est facile avec Internet. On peut trouver toutes les informations. 


Y a-t-il une question que tu aurais aimé qu’on te pose en interview, mais qu’on ne t’a jamais posée ?

J’aurais bien aimé qu’on me parle de ma première paire de chaussures de foot. C’est mon père qui me l’a achetée et ça m’avait beaucoup marqué. C’est un souvenir très fort et qui signifie beaucoup pour moi.


Abdel Kader Coulibaly

TOP10 d'Abdel Kader Coulibaly

  • Le meilleur joueur avec qui tu aies joué : Bobley Anderson 

  • Le meilleur joueur contre qui tu aies joué : Francis Forkey Doe

  • Le meilleur joueur ivoirien de l’Histoire : Yaya Touré

  • Le meilleur joueur de l’Histoire : Messi mais j’adore la mentalité de CR7 !

  • Ton idole de jeunesse : Didier Drogba et Juan Riquelme

  • Si tu n’avais pas été footballeur, quel métier aurais-tu fait : militaire

  • Un pays où tu aimerais jouer : Allemagne 

  • Un héros dans la vie « réelle » : ma mère, Djedje Marie-Jeanne et ma femme, Carmen 

  • Ta plus grande qualité : la patience

  • Ta série préférée : Emily in Paris


Abdel Kader Coulibaly

11 de rêve d'Abdel Kader Coulibaly (4-3-3)

Buffon

Lahm - Cannavaro - Van Dijk - Carlos

Yaya Touré - Kanté - Zidane

CR7 - Drogba - Messi

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Crédits photo : Abdel Kader Coulibaly


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