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Interview de Stéphane Lambese, défenseur du Lokomotiv Sofia (Bulgarie)

Défendre sur Lucas Moura et Lavezzi, faire des défis en plein match avec Anthony Martial, représenter Haïti à la Copa America ou encore jouer les plus chauds derbies de Sofia, voilà à quoi ressemble la carrière de Stéphane Lambese. Un entretien d’une grande sincérité.


Stéphane Lambese au Lokomotiv Sofia

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis Stéphane Lambese. J’ai 28 ans. J’ai commencé le football à Sevran. Après, j’ai décidé de signer au PSG où j’ai fait toute ma formation. Je suis ensuite aller à Blois, puis à Lorient, Laval, Orléans et QRM. J’ai eu une coupure d’un an à cause d’une blessure et je suis arrivé en Bulgarie au Lokomotiv Sofia.


Comment définirais-tu le football bulgare et ton club, le Lokomotiv Sofia ?

Je dirais qu’il y a un peu de retard tactiquement mais par contre, physiquement, ça court beaucoup. Il faut être bien en jambes ! Je situerais le championnat à un niveau N1 en France. Je suis dans un bon club. Déjà on est payés en temps et en heure, ce qui n’est pas toujours le cas, ici comme en France ! Notre équipe joue le maintien. Pour l’instant, en quatre matchs, deux victoires, une défaite et un nul. On a bien commencé. L’objectif est de se maintenir le plus vite possible.


As-tu une anecdote sur ton aventure bulgare ?

Quand je suis arrivé ici, cela faisait 15 mois que je n’avais pas joué à cause d’une blessure au genou. Je fais un essai d’une semaine et je signe. Je rentre 2 jours à Paris pour récupérer mes affaires et en revenant, je me dis que je ne serais pas dans le groupe. Finalement, j’y suis. Je rentre au bout de 30 minutes de jeu ! Ensuite je fais 5 matchs de 90 minutes d’affilé. J’étais « carbo » ! Eux ils s’en fichent de ta condition physique. Si t’es bon, tu joues et t’assumes.


Revenons sur ta période PSG, quels en sont tes souvenirs ?

Ce sont mes meilleurs souvenirs ! J’ai eu la chance d’être formé avec les meilleurs joueurs : Rabiot, Coman, Maignan, Kimpembe, Ongenda, etc. Je n’ai jamais connu meilleur en termes de qualité. Je me sentais imbattable avec le PSG.


Stéphane Lambese au PSG

Beaucoup disent que chez les jeunes, Hervin Ongenda était le meilleur. Tu confirmes ?

Franchement, oui ! De loin ! Après, il y a des choses qu’on ne contrôle pas forcément dans une carrière... Mais niveau talent pur, je n’ai pas vu meilleur.


Tu as ensuit rejoint l’équipe première du PSG. Qu’en retiens-tu ?

J’en retiens l’exigence et la qualité technique des joueurs. Quand tu es dans un toro ou une conservation, tu touches pas une balle et quand tu récupères enfin un ballon, tu es tellement fatigué que tu la perds direct !


Qu’est ce qui t’a manqué pour t’imposer au PSG ?

Il y a plein de facteurs. J’ai toujours été bosseur. A mon poste, il y avait du monde. Surtout Serge Aurier et Gregory Van der Wiel. C’était compliqué d’espérer quelque chose. Il y a ensuite les choix du club. La direction avait changé. De nouvelles personnes sont arrivées. C’est le foot ! Mais j’ai aucun regret, j’ai tout donné. J’ai eu des blessures mais c’est la vie d’un footballeur. Je me cache pas derrière ça.


Tu n’es pas conservé par le PSG. Tu décides donc de partir à Blois pour te relancer…

En fait, j’étais à l’essai avec Lorient. Ils voulaient me faire signer mais il y avait trop de latéraux dans l’effectif. Ils m’ont dit que le mieux, c’était de partir dans un club amateur et qu’ils me reprendraient après. Ils se sont occupés de tout. Je suis donc parti à Blois pour faire 6 mois et ensuite aller à Lorient. L’expérience était intéressante. Ça permet de voir comment ça se passe au niveau amateur. J’étais très lucide. Quand j’arrive, je m’adapte super bien. Tu as entrainement à 20H00. Les joueurs sortent du travail. J’ai fait des superbes rencontres là-bas. Je sortais d’une Copa America. Je me suis dit que si j’étais là, c’est que certaines choses se sont mal passées. J’ai décidé de prendre mon mal en patience. J’ai toujours eu une grande confiance en moi. Le coach à Blois avait connu le Havre dans la formation et il m’a beaucoup aidé pour m’adapter et me relancer, moi, mais aussi les autres joueurs qui arrivaient de centres de formation.


Tu es né à Nogent, de parents haïtien et guadeloupéen. Comment tu te positionnes culturellement ? Tu aurais pu jouer pour la France, ou même la Guadeloupe.

Le choix d’Haïti s’est fait naturellement et rapidement. Culturellement, chez moi, ça parle créole. Quand j’étais au PSG, à 17 ans, Haïti m’appelle pour faire ma première sélection. L’un des plus jeunes à y aller. Ça été un choix assez facile. Je connais plein d’haïtiens, comme Bellegarde, qui vont peut-être venir en sélection. Elle commence à se garnir de très bons joueurs. Je me projetais déjà, à ce moment-là, sur le potentiel de l’équipe. Quand je suis arrivé en sélection, c’était des anciens mais je savais que la nouvelle génération allait être bonne.


Tu fais un choix très jeune, en jouant au PSG et en étant international chez les jeunes en Equipe de France…

J’aime trop mon pays ! Après on m’a dit, si j’avais eu plus de chance, ça aurait pu être toi à droite en Equipe de France. Mais avec des si… J’ai aucun regret.


Tu as 28 ans, tu es en fin de contrat en juin 2025. C’est quoi la suite ?

Là, profiter à fond avec le Loko ! Jouer le maximum de matchs. Kiffer un max ! Et ensuite pourquoi pas évoluer et aller chercher plus haut. On verra. Le plus dur pour moi, c’était l’année dernière après ma blessure et le temps d’adaptation. C’était ma première expérience à l’étranger. Le meilleur reste à venir !


C’est comment la vie en Bulgarie ?

J’habite à côté du stade. Je suis vraiment bien ici ! Il fait chaud jusqu’à octobre et même après, ça va ! Je suis dans la capitale, la vie est pas chère. Franchement, je kiffe. Je suis plutôt casanier. Il y a beaucoup de français ici, dans le foot comme en dehors. Ma famille est en France mais je rentre régulièrement à Paris pour voir mes enfants.


« Un message pour la jeunesse haïtienne? Ne jamais baisser la tête car rien n’est impossible. Dans le pays, c’est compliqué mais on est un peuple fier »


Quel est le meilleur souvenir de ta carrière ?

Je dirais la qualification en Copa America. A ce moment-là, en Haïti, c’était dur. Donc la qualif était un moment inoubliable. Première Copa America pour le pays. Je me rappelle que c’était pas une date FIFA alors je m’étais un peu pris la tête avec le PSG pour y aller. Ils n’ont pas voulu me bloquer et m’ont laissé le choix mais je ne devais pas me louper ! Il me restait 6 mois de contrat…


Tu as un message pour les fans de football haïtiens ?

Surtout pour la jeunesse haïtienne : de suivre leurs rêves. Ne jamais baisser la tête car rien n’est impossible. Dans le pays, c’est compliqué mais on est un peuple fier. Même personnellement, quand les choses ne vont pas forcément bien, je me rappelle que je suis un Haïtien ! Donc tout peut m’arriver, c’est pas grave. Je m’en sortirais.


Tu es titulaire en première division bulgare, tu as joué la Youth League avec le PSG, tu as plus de 100 matchs pros en France, tu as joué la Copa America… A 28 ans, on peut déjà dire que la carrière est réussie ! Qu’est-ce qu’il te manque maintenant pour être pleinement accompli ?

Je dirais un club avec un nom. Au fond de moi, je sais que je peux aller plus loin. Ça ne dépend pas toujours de soi mais on sait jamais. Si je pouvais jouer dans un club de première division du TOP5 et pourquoi pas jouer l’Europe. C’est loin comme c’est près !


Revenons en 2010, lors du match de l’équipe de France U16 contre la Belgique. Tu fais 173 cm pourtant tu marques de la tête 3 minutes après être entré en jeu ! Tu nous expliques ?

En fait, à l’époque, je jouais encore attaquant. Avec Anthony Martial, on s’échauffait pour entrer en cours de match. Il m’a dit « je vais rentrer et je vais marquer ». Il rentre, il marque ! Après, je rentre sur le terrain, je passe à côté de lui et je lui dis « je rentre, je marque ! » Premier ballon, but !


« Lavezzi et Lucas Moura ? Je n’ai jamais vu des joueurs avec une telle accélération, une telle cadence et tant de répétitions des efforts »


Tu as commencé attaquant donc…

Oui, j’étais 9 même ! J’ai été replacé car un latéral s’était blessé. J’ai d’abord été décalé sur un côté. A l’époque j’étais dans ma meilleure saison au PSG, je marquais but sur but. Les coachs sont venus me parler et m’ont dit qu’ils pensaient que je pourrais faire carrière comme latéral. Fallait faire de la place à Kingsley Coman ! Ça été dur car, tactiquement, c’est différent. Moi je pensais qu’à attaquer ! Surtout quand tu joues contre des joueurs rapides comme Georges-Kévin Nkoudou contre qui j’avais passé un sale quart d’heure ! Au début, j’arrivais pas à tout assimiler. Par exemple comment gérer la profondeur et sortir sur le joueur adverse. J’arrivais à combler avec mes qualités physiques mais après, quand tu arrives plus haut, c’est plus compliqué. Mais à force de regarder des vidéos et d’apprendre de mes erreurs, j’y suis arrivé.


Justement, quand tu arrives plus haut, tu te retrouves à défendre à l’entrainement contre Lavezzi et Lucas Moura…

Franchement, ils m’ont fait accélérer. Ils m’ont fait monter à 35 km/h carrément. Je n’ai jamais vu des joueurs avec une telle accélération, une telle cadence et tant de répétitions des efforts. Ils les répètent sans cesse. 10 fois dans une même mi-temps. A la fin ça passe car l’adversaire est « carbo » !


Stéphane Lambese au PSG

Le TOP10 de Stéphane Lambese

  • Ton meilleur ami dans le foot : Duckens Nazon, Mike Maignan et Fodé Guirassy

  • Le meilleur joueur contre qui tu aies joué : Jefferson Montero

  • Ton idole de jeunesse : Adriano

  • Ton club de cœur étant enfant : PSG

  • Ton rêve dans le foot : jouer l’Europe et la coupe du monde 2026

  • Si tu n’avais pas été footballeur, quel métier aurais-tu fait : chanteur ou un sport de combat

  • Ton rêve hors foot : ne plus travailler et profiter de mes enfants !

  • Un pays où tu aimerais jouer : Turquie

  • Ton talent caché : la danse

  • Ton surnom : Bison ! Car je suis trapu, je vais vite et je suis dur dans les duels !


Stéphane Lambese au FC Lorient

Le 11 de rêve de Stéphane Lambese

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Maignan

Alves – Nesta – Ferdinand – Marcelo

Zidane – Busquets – Ronaldinho

Messi – Adriano – Neymar


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Crédits photo : PSG, Ouest-France

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